Les changements climatiques, menace la production agricole et la sécurité alimentaire au Maroc par la raréfaction de l’eau et l’émergence des maladies et parasite. Pour relever les défis de la sécurité alimentaire inscrite dans la stratégie « Generation Green), le développement des nouvelles variétés performantes à productivité stable et durable via l’exploitation du potentiel de nos ressources génétiques et l’intégration de nouvelles technologies est nécessaire. La génomique en utilisant les NGS (Nouvelle Génération de séquençage) offre des outils puissants pour la valorisation des ressources génétiques et la caractérisation des mécanismes associés aux stress biotic et abiotic. L’arganier, le palmier dattier et les céréales sont des cultures importantes au Maroc. La sélection des variétés adaptées tolérantes à la sécheresse, résistantes aux maladies et de bonnes qualités pour la reconstitution des oasis, l’arganiculture et la céréaliculture est une attente de la stratégie Green Generation inscrite dans le programme de l’INRA. Pour répondre à cette stratégie, l’axe 1 du présent Mégaprojet (Approches génomique, transcriptomique et bioinformatique pour valoriser les ressources génétiques et assister la création variétale) a pour objectif l’élaboration du génome du palmier dattier, d’arganier et des agents pathogènes de certaines maladies dévastatrices comme le bayoud et la fusariose du blé dans le but de décortiquer les mécanismes de tolérance résistance de ces maladies et de développer des marqueurs moléculaires de type SNPs, SRRs afin d’assister la création des variétés améliorés adaptées aux changements climatiques, productives et de bonne qualité.
Mots clés : Génomique, Transcriptomique, Gène d’intérêt, Marqueurs de sélection, Changements climatiques, Fusariose du blé, Palmier dattier, Arganier, Bayoud, marqueurs de dépistage
Orientations stratégique
Dans cette partie, rapporter les objectifs stratégiques dans le cadre de Generation Green se rapportant à la F/D, ainsi que la synthèse des doléances exprimées par les parties prenantes lors de la phase de cadrage.
L’agriculture est un secteur vital pour l’économie marocaine notamment dans la couverture des besoins alimentaires nationaux. Malgré cette importance, plusieurs contraintes entravent le développement de ce secteur en particulier la pression de la croissance démographique et les effets des changements climatiques qui accentuent la désertification du pays et l’émergence des maladies ainsi que l’érosion génétique constaté au niveau de plusieurs espèces en particulier le palmier dattier, l’arganier et les populations locales des blés. Les oasis se sont dévastées par la désertification et le bayoud. L’aire géographique de la forêt d’arganier s’est rétrécie à cause de la sécheresse et de l’impact humain et animal. Les ressources génétiques en blés qui ont fait du Maroc l’origine de la biodiversité et de la domestication, sont en voie de disparition surtout dans les zones marginales. Malgré le progrès génétique réalisé chez ces espèces en particulier par l’INRA depuis sa création, les changements climatiques pendant ces dernières décennies entravent l’amélioration génétique et l’obtention des génotypes ou variétés améliorées à productivité durable et stable. Ceci présente un obstacle pour assurer la sécurité alimentaire. Dans le cadre du plan Maroc vert plusieurs acquis ont été obtenus au sein du secteur agricole en particulier pour ces espèces. En effet, des programmes de réhabilitation des oasis et des forêts d’arganier ainsi que de développement d’arganiculture ont été mise en place pour sauvegarder ces ressources génétiques. Le soutien du PMV au programme d’amélioration génétique des blés a permis la création de plusieurs variétés performantes pour assurer la sécurité alimentaire. Cependant plusieurs défis restent à relever pour rendre le secteur agricole performant et compétitif. En harmonie avec la stratégie de la Génération Verte, le développement rapide des variétés performantes, stables et productives, en exploitant le potentiel de nos ressources génétiques et de leurs interactions avec l’environnement est essentiel.
A l’échelle régional, le même besoin a été exprimé par les partenaires de la région lors de la phase de cadrage concernant les espèces cultivées au sein de Rabat-Salé- Kenitra. Les contraintes citées par ces partenaires concernent la sécheresse, les maladies, la qualité et certains problèmes de stockage et de commercialisation.
Dans cet axe les objectifs visent l’élaboration du génome du palmier dattier, d’arganier et des agents pathogènes de certaines maladies dévastatrices comme le bayoud et la fusariose du blé dans le but de de décortiquer les mécanismes de tolérance résistance aux stress abiotique et biotique et de développer des marqueurs moléculaires afin d’assister la création des variétés améliorés adaptées aux changements climatiques, productives et de bonne qualité et pour valoriser nos ressources génétiques.
Etat de l’art :
L’arganier (Argania spinosa L.), plante endémique du Maroc, joue un rôle socio-économique et environnemental très important. La forêt d’arganier se caractérise par une remarquable diversité génétique et une spécificité géographique (Mouhaddab et al., 2017; Pakhrou et al., 2016; Ait Aabd et al., 2015; Yatrib et al., 2015). Toutefois, à cause des changements climatiques et des activités humaines, une forte dégradation de cette forêt a été observée. Pour soutenir sa réhabilitation, un programme de renforcement de l’arganier et de l’arganiculture a été mis en place à l’INRA. Les efforts se sont orientés vers la sélection des génotypes améliorés et leur multiplication. Toutefois, la complexité du génome et la grande diversité observée, la sélection des génotypes améliorés nécessite d’être assistée par des marqueurs moléculaires. Pour parvenir à cet objectif, la génomique, la transcriptomique en utilisant les NGS sera utilisé pour l’exploration du génome d’arganier, l’élucidation du génome fonctionnel et le développement d’une base de données moléculaires fiables pour l’analyse de la diversité génétique et la sélection assistée. L’élaboration du premier draft du génome d’arganier par l’INRA (Slimane Khayi et al., 2020) est un acquis. Toutefois, l’amélioration de ce draft et l’analyse trascriptomique va permettre l’annotation de ce génome et l’identification des groupes de gènes d’intérêts. Le séquençage des variants d’arganier va permettre le développement d’une base de données moléculaire importante utile pour la sélection assistée des variétés adaptées pour le programme arganiculture. Les analyses trascriptomique des clones de différentes zones agro-écologique vont permettre d’identifier les gènes d’adaptation en particulier à la tolérance à la sécheresse et à d’autres caractères comme le rendement en grain et en huile.
Le palmier dattier est un patrimoine important des oasis marocaines. La superficie moyenne actuelle correspond à 48.000 Ha avec près de 4,8 Millions de palmiers dattiers dont près de 41% sont productifs. Il compte plus de 400 variétés et des milliers d’autres khalt à caractères diversifiés. Les zones de production sont principalement situées le long des vallées du Ziz et du Drâa. Cette diversité est de plus en plus menacée par les conditions climatiques en particulier la désertification et le bayoud. La filière contribue à des revenus agricoles à hauteur de 60% pour 1 million d'habitants. Malgré cette importance, les importations des dattes alourdis la balance économique du payés. Elles sont en moyenne estimées à 30.000T/an. Dans le cadre du plan Maroc vert, un programme de réhabilitation des palmeraies, avec la plantation de 2,9 millions de plants à l’horizon 2020 principalement avec de variétés résistantes au bayoud de bonne qualité en vue de l’augmentation de la production des dattes pour atteindre 185.000 tonnes, est dans sa phase finale de réalisation. Les variétés Mejhoul ou Boufeggous, représente plus de 70% des cultures dans les zones d’extension. Pour accompagner le Plan Maroc Vert, un programme de biotechnologie a été élaboré, des marqueurs de types SSR pour l’authentification des variétés Mejhoul, Boufegous, Nejda, Boufegous Gharas, Aziza ont été développés. Des milliers de tests d’identification variétales ont été réalisés en faveur des multiplicateurs des plants avant la plantation des superficies fixées par le Plan Maroc Vert. En plus, le protocole développé pour l’identification des variétés a été transféré à l’ONSA et aux laboratoires privés. Pour diversifier et développer de nouveaux marqueurs de type SNPs, le draft du génome publié de la variété Khalas (Ibrahim S. et al., 2013) et les drafts partiel du génome des variétés Mejhoul, Boufegous, Nejda, Boufegous Gharas et des mâles réalisés à l’URB-CRRAR (donnés non publiés) ont été analysés. Des nouveaux marqueurs sont en cours de validation.
La stratégie « Generation Green » vise le développement des variétés à production stable et durable. Le programme de cet axe vise l’élaboration du génome du palmier dattier, d’arganier et des agents pathogènes de certaines maladies dévastatrices comme le bayoud et la fusariose du blé dans le but de de décortiquer les mécanismes de tolérance résistance aux stress abiotique et biotique et de développer des marqueurs moléculaires afin d’assister la création des variétés améliorés adaptées aux changements climatiques, productives et de bonne qualité et pour valoriser nos ressources génétiques. Le séquençage et l’annotation du génome des variétés non séquencées seront réalisés. Pour le bayoud, le génome a été séquencé et le draft a été publié par l’équipe de l’Unité de Biotechnologie (Slimane Khayi et al., 2020). Le séquençage des pathotypes et l’identification des gènes de virulence sont planifiés aussi. Des tests de dépistage en sol et en plante seront développés pour accompagner la plantation du palmier dans les zones d’extensions et la réhabilitation des oasis.
Les céréales occupent une place importante dans l’économie du Maroc par une contribution au PIB agricole (15-20%), l’étendue de son occupation des terres (plus de 5 millions ha), sa contribution à la satisfaction des besoins de la population et du cheptel et par son importance socioéconomique. Le Maroc est soumis aux risques de sécurité alimentaire résultant de sa forte dépendance à l’égard des importations de céréales. Le volume des importations ne cesse d’augmenter (en moyenne plus de 40 millions de quintaux) quel que soit le niveau de production. Avec les changements climatiques, la désertification du pays s’accentue et les dégâts causés par les maladies augmentent. Ceci nous amène à doubler les efforts pour créer des variétés plus adaptées et résistantes aux maladies et insectes. Pour assister ce programme d’amélioration génétique, la sélection assistée par marqueurs moléculaires offre des outils puissants pouvant accélérer l’obtention rapide des variétés améliorées.
L’’INRA, est parmi, les premières institutions qui ont introduit la génomique, la transcriptomique et la bioinformatique au Maroc depuis les années 2000 grâce à la mise en place des structures de biologie moléculaire à Rabat. Plusieurs travaux ont été réalisés chez les plantes, les insectes, les bactéries et les pathogènes. Les techniques moléculaires tel que le RAPD, AFLP, SSRs ont été appliquées en routine pour la sélection assistée, pour la création de nouvelles variétés améliorées et pour la caractérisation des ressources génétiques végétales et microbiennes. Parmi les travaux réalisés chez le blé dur on cite la sélection assistée pour la qualité, la rouille, la septoriose, la sécheresse (Diria G. et al., 2014; Labhilili M. et al., 2009a ; 2009b ; 2007: 2003 ; Cheikh O.Y. et al., 2009 ; Bousba R. et al., 2012 ; 2013 ; Sofia Hamli et al., 2015).
D’autres travaux de caractérisation des ressources génétiques ont été réalisés, on cite l’analyse de la diversité génétique des céréales (blé et orge. L’analyse de la diversité génétique des bactéries, des pathogènes et des parasites a été largement étudiée (Labhilili M. et al., 2004 ; 2008 ; Bentata F. et al., 2011 ; Bouftass F. et al., 2009 ; Diria G. et al., 2013). Actuellement les travaux de l’INRA s’orientent vers le renforcement de l’application de la génomique, de la transcriptomique, par l’utilisation de la nouvelle génération de séquençage à haut débit. Ces nouvelles technologies vont permettre d’accélérer la création et la sélection des variétés améliorées des cultures mandatées à l’INRA. Aussi, ils vont permettre de mieux caractériser les ressources génétiques du Maroc ; le génotypage et la sélection assistée vont s’intensifier et s’approfondir par la possibilité d’utilisation en masse des marqueurs moléculaires. Des acquis ont été obtenus en utilisant NGS. En effet, plusieurs génomes ont été séquencés et assemblés. On cite le séquençage des variétés d palmier dattier (Mejhoul, Boufegous, Bousthami, Nejda) (données non publiés), le séquençage d’arganier (Khayi S. et al., 2020), le séquençage du bayoud et plusieurs autres bactéries (Khayi S. et al., 2020 ; 2018 ; 2015).
Listes des références bibliographiques :
Rapporter au moins 10 références récentes relatives à la thématique de l’axe
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Justification du projet (intérêt et originalité)
Présenter les conditions qui mènent à l’identification de la problématique à traiter et la capacité du projet à donner des solutions (durables) à la lumière des orientations stratégiques (1.2.1) et de l’état de l’art (1.2.2) tout en décrivant comment le projet complète les autres initiatives.
Aujourd’hui la productivité agricole au Maroc est confrontée aux aléas des changements climatiques insaisissables. Ces changements ont accentué la vulnérabilité du secteur agricole face à la sécheresse, la salinité, les maladies et les ravageurs. Ainsi, la durabilité de la productivité des variétés cultivées est menacée ce qui a poussé a placé les priorités de la Génération Green vers l'amélioration, la stabilité et la durabilité de la productivité et la qualité. En effet, la sélection de cultivars adaptés à ces changements climatiques est la méthode la plus respectueuse de l'environnement et la plus durable. Cependant, dans de nombreux cas, la complexité des génomes ou l’inexistence d’information concernant les mécanismes d’action, l’instabilité des conditions climatiques suite aux changements climatiques et le manque de source de résistance dans le pool génétique accessible, limitent la portée de la sélection de cultivars performants. Ainsi, l'intégration de la génomique et la transcriptomique via l’utilisation de la nouvelle génération de séquençage NGS dans l'amélioration des cultures, est impérative pour atteindre plus rapidement les objectifs de sélection assistée par MAS des génotypes améliorés et par la suite la souveraineté alimentaire.
Le développement récent de la nouvelle génération de séquençage (NGS) a permis rapidement d’élucider le génome de plusieurs espèces et de développer une base de données importantes en marqueurs moléculaires, de type SNPs et autres. Ces marqueurs sont actuellement utilisés en génotypage et en sélection assistée à grande échelle pour la valorisation des ressources génétiques et la sélection rapide de plusieurs variétés améliorées. L’acquisition de cette technologie de NGS à l’INRA, actuellement utilisée pour l’élucidation des génomes des cultures stratégiques, est un atout important qui sera exploité pour l’application de la génomique, de la transcriptomique, métagénomique et du génotypage. Afin de répondre aux besoins de la nouvelle stratégie « génération verte », le programme inscrit va consister à : a) le recensement des ressources génétiques prioritaires (Arganier, palmier dattier …) et l’évaluation de leur diversité génétique ; b) la sélection des génotypes plus adaptés changements climatique et l’identification des gènes d’intérêts ; et c) le renforcement des programmes d’amélioration génétiques par l’utilisation en masse des marqueurs moléculaires développés. Il est à noter que la sélection assistée va accélérer le progrès génétique par une meilleure précision de sélection des espèces mieux adaptée à l’environnement et productifs.
En effet la plateforme d'innovation en biotechnologie, comprenant le système NGS, un système de génotypage intensif par les SSRs et Les SNPs, a été développée à l’INRA (PIB-NRA). La maitrise des différentes technologies de biotechnologie appliquées à l’agriculture sera d’une grande importance non seulement pour l’accompagnement du développement de l’agriculture national inscrit dans la stratégie « Generation Green » mais aussi en tant que plateforme de formation de jeunes chercheurs des universités et des instituts nationales et régionales et de transfert d’expertise vers les institutions publiques et privés. Elle sera aussi utile pour la réalisation des prestations de service en séquençage, en génotypage et en dépistage pour les pathogènes, les bactéries et virus. En résumé le PIB-INRA répondra à trois types d’objectifs : i) adopter et appréhender les nouvelles technologies, ii) appliquer ces technologies pour résoudre des problématiques réelles et finalement, iii) transfert technologiques de cette expertise aux partenaires publiques et privées.