National Institute of Agronomic Research Morocco - INRA Morocco

Overview: Olivier.AXE5 - Analyse économique de la filière oléicole dans la région de Marrakech-Safi



Leader: Ahmed Ait Hmida, National Institute of Agronomic Research Morocco - INRA Morocco

Team members: 4
Partner organizations: 1

Budget 2025
MAD :
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Results: 0

  Axis Description
    
5.1 Résumé : Les études que nous avons réalisées dans le passé ont permis de tirer les principales conclusions de l’impact des dispositions du Contrat-Programme olivier passé entre l’Etat et l’Interprolive (Professionnels de la filière olivier) sur la filière oléicole. Les résultats de ces études sont relatifs à l’évaluation des réalisations relatives à l’extension des superficies du verger oléicole, l’octroi des subventions, l’agrégation des producteurs, etc. D’autres travaux de recherche réalisés sur la filière oléicole ont porté sur l’analyse de la chaîne de valeur de l’huile d’olive à travers la connaissance des coûts de production au niveau de chaque maillon de cette chaîne de valeur, depuis le producteur d’olives jusqu’au consommateur final, ainsi que les prix à l’arrivée et au départ de chaque maillon. Cela avait permis d’avoir une estimation des marges générées à chaque maillon et sur l’ensemble de la chaîne de valeur et a pu aider à estimer la rentabilité économique de l’activité de production de l’huile d’olive et les parts des différents intervenants dans le profit généré par cette activité. Un recueil des recommandations des différents partenaires de l’INRA pour l’élaboration d’un programme futur de recherches sur l’olivier au niveau régional a permis de montrer que les avis étaient unanimes quant à l’existence de problèmes relatifs aux deux filières, de l’huile d’olive biologique et des olives de table. Ces problèmes, selon ce recueil, sont liés aux coûts de production qui restent élevés et des difficultés de commercialisation de ces produits. Ceci nous interroge sur la compétitivité de ces produits par rapports aux produits des autres pays producteurs. Jusqu’à présent l’estimation des coûts de production des olives et de l’huile d’olive a été faite dans une optique quantitative pour avoir des valeurs précises de ces coûts. Il serait plus utile dans l’étape suivante d’approfondir l’analyse et mettre en évidence les principaux facteurs pouvant avoir un effet notoire sur ces coûts de production. D’un autre côté, un nombre important de travaux de recherche ont été réalisés sur l’estimation de la rentabilité de la production de l’huile d’olive, la valorisation et la promotion du produit et l’amélioration de la commercialisation du produit au niveau du marché local et à l’export. Il devient impératif de procéder à une analyse sur le mode gouvernance des deux filières de l’huile d’olive biologique et des olives de conserve, les mises à niveau qui peuvent se réaliser et les actions à entreprendre pour une meilleure gouvernance de ces filières. A présent, cet axe de recherche se propose d’analyser les chaines de valeur de l’huile d’olive biologique et des olives de table qui peut produire des connaissances à ce niveau et contribuer au développement de la filière olivier. Cet axe de recherche se propose aussi d’étudier l’organisation et le rôle des acteurs de ces deux filières et la détermination et la distribution de la valeur ajoutée dégagée. Cet axe de recherche se propose aussi de faire l’analyse des principes qui régissent les modes de gouvernance et de coordination des acteurs de la filière de l’olivier. Cette analyse, qui revêt une importance capitale, peut être appréhendée à travers l’évaluation des forces et faiblesses ainsi que les coûts de transaction des différents modes de coordination verticale adoptés par les acteurs de cette filière. Mots clés : filière oléicole, huile d’olive biologique, olives de table, coordinations des acteurs, gouvernance. 5.2 Contexte et point de situation 5.2.1 Orientations stratégiques La nouvelle stratégie de développement du secteur agricole Génération Green 2020-2030 vise, entre autres, le développement de la filière oléicole en maintenant les efforts d’investissement, rationalisant les aides, accélérant et valorisant la transformation des produits et appuyant la compétitivité de cette filière. Cette stratégie vise aussi, en général, la poursuite de la dynamique du développement humain et social à travers l’amélioration du revenu des ménages actifs dans le secteur agricole et la garantie de la protection sociale. Les avis de la majorité des partenaires de l’INRA étaient unanimes quant à l’existence de problèmes liés aux deux filières de l’huile d’olives biologique et des olives de table. Ces problèmes sont relatifs aux coûts de production des produits, au mode de gouvernance de ces deux filières et à la coordination des différents acteurs. Avec une superficie de plus de 1 million d’hectares, l’olivier constitue la principale espèce fruitière cultivée au Maroc représentant plus des deux tiers de la superficie arboricole nationale. Plus de 80% des olives produites sont destinées à la production de l’huile d’olive, écoulée principalement sur le marché national. L’oléiculture constitue la principale source de revenu pour plus de 450.000 exploitations. L’oléiculture génère près de 55 millions de journées de travail par an. Cette filière contribue à la satisfaction de 20% des besoins du pays en huiles alimentaires. Le secteur est caractérisé par l’exiguïté des exploitations, la multiplicité des intermédiaires et le grand nombre d’unités traditionnelles de trituration. La production d’huile d’olive, en moyenne de 140.000 t/an, est destinée en grande partie au marché local, le volume exporté est relativement minime, en moyenne, autour de 25.000 tonnes. L La filière oléicole est importante dans la sécurité alimentaire, la balance commerciale, l’adaptation aux changements climatiques et dans la contribution au développement économique et social des régions oléicoles. Cette filière connaît une dynamique, notamment depuis le lancement du contrat-programme signé, dans le cadre du Plan Maroc Vert, entre le gouvernement et l’interprofession en 2009. La production moyenne enregistrée entre 2008 et 2019 est de l’ordre de 1,3 millions de tonnes, soit 54% de la production ciblée à l’horizon 2020 qui est de l’ordre de 2,5 millions de tonnes. La rencontre avec les différents partenaires de l’INRA et la prise en compte des objectifs stratégiques de la nouvelle politique publique en la matière montrent l’utilité de procéder à une étude des chaines de valeur de l’huile d’olive biologique et celles des olives de table à travers une analyse de des coûts de production, l’organisation de ces filières et du mode de leurs gouvernance. Cette analyse procéderait aussi à la détermination de la contribution des différents acteurs dans la formation de la valeur ajoutée globale et les marges de chacun de ces acteurs. L’une des options de développement de la filière oléicole réside dans le développement de l’oléiculture biologique. Pour obtenir le label « biologique », les agriculteurs et les industriels doivent investir plus pour un traitement sain des oliviers et leur trituration. Mais les impacts financiers d’un tel processus sont importants dans la mesure où les producteurs peuvent faire des bénéfices conséquents suite à la vente de leur production aux marchés étrangers. Le marché de l’huile d’olive biologique est très sélectif et exigeant de par le monde. Les perspectives d’exportation de l’huile biologique sont prometteuses et les opportunités de vente sont nombreuses à condition de savoir bien prospecter les marchés qui sont intéressés par ces produits. Peu d’agriculteurs et industriels se sont orientés vers la production de l’huile d’olive biologique qui nécessite de gros investissements et des efforts en termes de marketing et de prospection des marchés pour pouvoir vendre ces produits conformes aux normes internationale de qualité. Pour la production des olives de table, l’impact du Plan Maroc Vert été faible. Elle dépasse très légèrement son volume à l’export des années 2000. De plus, la valorisation a reculé dans cette activité. La conserve d’olive est en stagnation par rapport aux années passées et le secteur est de plus en plus miné par plusieurs contraintes dont l’approvisionnement, le prix et la concurrence à l’international. Il y a 20 ans, le Maroc était 3e exportateur international, aujourd’hui il est au 8ème rang en tant que producteur et 5ème exportateur. En deux décennies, l’Argentine a quadruplé sa production. Pareil pour la Turquie et l’Egypte, encore inconnues il y a 10 ans sur le marché de l’olive de table, l’Italie, la Grèce et la Syrie. Actuellement, les plus grandes exportations d’olives de table sont en vrac sauf pour les olives noires. Pour les opérateurs, l’explication est à chercher d’abord au niveau de l’amont agricole, mal orienté et très désorganisé qui ne permet pas à l’industrie d’être approvisionné dans des conditions de compétitivité et de qualité acceptables. Des défis persistent et sont liés aux normes de qualité qui exigent de la part des agriculteurs un professionnalisme, aussi bien au niveau de la récolte, du stockage et du conditionnement, qu’au niveau de la commercialisation encore trop marquée par les intermédiaires. 5.2.2Etat de l’art : L'étude d’une chaine de valeur n'est pas uniquement économique, au sens strict du mot, ou comptable. Elle est aussi géographique, politique et sociologique. Beaucoup de facteurs interviennent sur la vie d'un produit, de sa phase initiale (conception-production) à sa phase terminale (consommation). L'étude d’une chaine de valeur permet de connaître d'une manière approfondie les tenants et les aboutissants de tout l'environnement d'un produit. Elle permet de mettre en évidence les points forts et les points faibles du système et d'établir précisément les politiques et les actions à mener pour renforcer les aspects positifs et faire disparaître les contraintes. Elle permet de mettre en évidence aussi les acteurs qui interviennent d'une manière directe ou indirecte dans le système, les synergies, les effets externes, les relations de coopération et/ou d'influence ainsi que les nœuds stratégiques dont la maîtrise assure la domination par certains agents. Elle s’intéresse aussi à l’analyse des goulets d'étranglement et les liaisons intersectorielles, le degré de concurrence et de transparence des différents niveaux d'échanges et la progression des coûts action par action afin de déterminer la formation du prix final. Elle permet une analyse comptable du système et un calcul de la rentabilité (FAO, 2015) Plusieurs tendances peuvent menacer la durabilité de la filière huile d’olive. La compétitivité externe est le premier facteur à considérer dans cet état de fait. Il existe des insuffisances relatives à l'insertion de l'huile d'olive marocaine dans la chaîne de valeur de ce produit à l’échelle internationale. Il existe actuellement une prise de conscience du retard cumulé au niveau de la maîtrise des coûts de production de l’huile d’olive, de la qualité, du marketing et de la commercialisation de l'huile d'olive marocaine. L’itinéraire technique, les procédés de trituration, les procédés de conditionnement et la distribution impactent le coût de revient de l’huile d’olive. De façon générale, la qualité de l’huile d’olive marocaine a été légèrement améliorée et des normes ont été instituées au profit du consommateur marocain qui prend conscience des vertus de l’huile d’olive de bonne qualité (Ait Hmida, 2016). Mais de façon globale, 85% du volume de l’huile d‘olive est consommé en vrac et seulement 15% est conditionnée. D’un autre côté, une légère augmentation de la quantité consommée par habitant a été déterminée (Rouas et al., 2015). Le contrat-programme avec l’Interprolive (Association interprofessionnelle des producteurs de l’huile d’olive) a accordé un intérêt particulier au volet amélioration de la qualité et promotion de la consommation intérieure de l’huile d’olive (Benali, 2017). La filière oléicole bénéficie de plusieurs atouts tels que les incitations à l'investissement, la croissance de la demande mondiale, ainsi que les accords de libre-échange avec plusieurs pays permettant un accès libre de l'huile d'olive marocaine à ces marchés sans limite contingentaire. A cela s'ajoute l'émergence récente de grands groupes intégrés de l'amont à l'aval, dans le cadre de l'agrégation, produisant l'huile d'olive à l'export. La compétitivité de la filière oléicole correspond à sa capacité d’être concurrente et à réaliser des profits sur les marchés oléicoles (COI, 2010). Elle est souvent mesurée par la part de marché qu’elle détient et son évolution dans le temps (Lazzeri et al., 2009). Cette compétitivité dépend du prix des produits, mais aussi d’autres facteurs (FAO, 2015). La compétitivité-prix ne peut exister que si l'ensemble des coûts qui déterminent le prix de revient le permet. Les niveaux des coûts du travail, du capital et des intrants doivent être bas pour permettre à cette compétitivité de s’exprimer (AFIDOL, 2010). Toutefois, la compétitivité des deux filières en question fait face aux défis liés, notamment aux fluctuations des productions, à l'organisation professionnelle, à la coordination des intervenants, à la performance du secteur de transformation et à la commercialisation des produits. L’analyse de cette compétitivité peut être faite, entre autres, à travers l’estimation des coûts de production de l’huile d’olive biologique et des olives de table contribue à avoir plus de connaissances sur les composantes de leurs coûts de production et agir par la compression de certaines dépenses qui forment ces coûts de production. Ceci permettra, entre autres, de tracer ensuite une stratégie pour l’amélioration du positionnement de ces produits sur les marchés intérieur et d’exportation. Jusqu’à présent l’estimation des coûts de production de ces produits a été faite de façon générale avec l’objectif d’avoir des valeurs précises de ces coûts. Il serait plus utile dans cette étape d’approfondir l’analyse et mettre en évidence les principaux facteurs pouvant avoir un effet notoire sur ces coûts de production. Ceci a une grande influence sur la commercialisation de ces produits au niveau local et à l’export. Le développement de la filière d’huile d’olive biologique peut constituer un levier de développement de l’oléiculture marocaine. Pour se convertir vers ce mode de production biologique, les agriculteurs et les industriels doivent pratiquer un traitement sain des oliviers et leur trituration. Les producteurs peuvent faire des marges bénéficiaires très conséquentes suite à l’exportation de leurs produits. Pour le marché local, les ventes sont très limitées vu le pouvoir d’achat modeste du consommateur moyen qui préfère acheter l’huile d’olive conventionnelle, qui a ses qualités, plutôt que d’acheter un produit haut de gamme et hors de portée. D’ailleurs, peu d’agriculteurs et d’industriels se sont orientés vers la production de l’huile et les olives biologiques qui nécessite de gros investissements et des efforts en termes de marketing et de prospection des marchés pour pouvoir vendre ces produits conformes aux normes internationale de qualité. Les marchés des olives et de l’huile d’olive biologique sont très sélectifs et exigeants de par le monde. Les consommateurs qui choisissent ces produits sont de fins connaisseuses en produits alimentaires de santé. Ils sont donc prêts à payer le prix fort pour acheter ces produits. Les perspectives d’exportation des olives et de l’huile biologique sont prometteuses et les opportunités de vente sont nombreuses à condition de savoir bien prospecter les marchés qui sont intéressés par ces produits. Les quantités d’olives biologiques étant très limitées, les industriels d’huile et d’olives de table ne peuvent pas espérer un volume important de ce produit même si la demande est grande au niveau international (Gharbaoui, 2019). Lors de la présence dans les salons et foires des producteurs d’olives et huile d’olive biologiques, les représentants des grandes chaînes de distribution internationales s’intéressent à ces produits et manifestent leur disposition à en acheter de grandes quantités si les producteurs sont en mesure de les fournir. Le renforcement de la production et de la commercialisation des olives et de l’huile d’olive biologiques n’est pas un objectif de l’agriculteur et de l’industriel uniquement mais de tout l’écosystème de production, y compris l’administration publique qui doit s’y intéresser et agir en conséquence. Ces produits ne peuvent être valorisés que par une campagne de sensibilisation et d’information à large échelle en ciblant les marchés à fortes potentialités. Des efforts restent encore à faire par les agriculteurs et les industriels pour produire de grandes quantités d’olives et d’huile d’olive biologiques, à commencer par la transformation des oliveraies existantes en espaces biologiques et l’installation d’équipements réservés à ce genre d’activités par les industriels et la recherche de compression des couts de production pour rendre leurs produits plus accessibles aux consommateurs locaux. Pour les olives de table, le Plan Maroc Vert a eu un impact faible. Pourtant, l’activité des olives de table devait en principe, tirer profit de la hausse fulgurante de la production et atteindre des records de production. Or, elle arrive à peine à dépasser son volume à l’export des années 2000. De plus, la valorisation a reculé dans cette activité. Actuellement, les plus grandes exportations d’olives de table sont en vrac sauf pour les olives noires (MAPMDREF, 2019). Pour les opérateurs, l’explication est à chercher d’abord au niveau de l’amont agricole, mal orienté et très désorganisé qui ne permet pas à l’industrie d’être approvisionné dans des conditions de compétitivité et de qualité acceptables. Par ailleurs, les superficies des exploitations irriguées ont connu une faible évolution qui n’a pas dépassé 12% entre 2008 et 2019, Ce qui a impacté l’évolution de la production des olives de table. En effet, l’évolution de la production de l’olive de table a été faible avec un taux d’évolution annuel moyen de 4% sur la période 2008/2019, malgré l’augmentation de la production d’olive fraîche, dont le taux d’évolution annuel moyen s’est situé autour de 13%. Ceci est dû au fait que les extensions des superficies plantées ont été effectuées principalement en zone pluviale destinée à l’olive de trituration. Cette situation constitue un drôle de paradoxe pour un secteur qui a pourtant bénéficié d’autant d’aide. Depuis l’avènement du PMV en 2009, des projets ont été lancés et ont permis des extensions des surfaces de plantation. Les défis persistent, ceux liés aux normes de qualité qui exigent de la part des agriculteurs un professionnalisme, aussi bien au niveau de la récolte, du stockage et du conditionnement, qu’au niveau de la commercialisation encore trop marquée par les intermédiaires. Globalement, pour la filière de l’olivier, la coordination entre acteurs concernés par la production d’huile d’olives biologique et ceux concernés par la production des olives de table a une influence sur les coûts de production au niveau des chaines de valeur de ces produits. L’intégration des différentes phases de production de l’huile d’olive biologique et celles des olives de table permet d’avoir des produits de bonne qualité avec des prix de revient bien raisonnés. L’agrégation des différents producteurs entre dans ce cadre dans la mesure où l’économie d’échelle joue un rôle déterminant dans la diminution des coûts de production (Faysse et al., 2014). La distribution équitable de la valeur ajoutée entre les différents acteurs est essentielle pour le développement de ces chaines de valeur. Au-delà de la durabilité commerciale, l’aspect durabilité du développement des chaînes de valeur alimentaires suppose d’adopter des mécanismes institutionnels qui conduisent à une distribution plus équitable de la valeur ajoutée dégagée. Suite à l’effondrement des accords internationaux sur les matières premières et la libéralisation des marchés nationaux, les filières agroalimentaires sont de plus en plus intégrées et/ou coordonnées verticalement afin de combler les défaillances des modes purement marchands basés uniquement sur un « signal prix » (Royer et Gouin, 2015). La coordination verticale désigne toutes les façons d’harmoniser les étapes verticales de la production et de la commercialisation (Yekouni, 2007). Elle peut prendre diverses formes qui vont des transactions au comptant en régime de marché libre, à une intégration verticale complète, où les dirigeants des entreprises agroalimentaires régissent la circulation des biens d’un niveau du marché à l’autre. Entre ces deux formes s'observe toute une gamme de formes dites hybrides, empruntant des caractéristiques à la fois au marché et à l’intégration complète. Il s’agit des contrats, des alliances stratégiques, et des coentreprises. Chacune de ces formes vise, à des degrés différents, l’établissement et/ou le ressèment des liens verticaux entre les différents partenaires opérant dans une chaîne d’approvisionnement. Une coordination verticale étroite permet de sécuriser l’approvisionnement, d’accroître la disponibilité de l’information, d’avoir plus de contrôle sur la qualité, de minimiser l’incertitude, de stabiliser les revenus des producteurs, de partager les risques et d’accéder au financement (Royer et Vézina, 2012). Dans le contexte de l’agriculture marocaine, ce chantier a été initié avec le démarrage du Plan Maroc Vert et se poursuivra dans le cadre de la nouvelle stratégie baptisée « Génération Green 2020-2030). A cet égard des mesures réglementaires et incitatives ont été adoptées visant non seulement la création des organisations interprofessionnelles agricoles, mais également la promotion de modes de coordination verticale dont les plus patents portent sur les coopératives, les groupements d’intérêt économique (GIE) et l’agriculture contractuelle. Certes, ces modes sont supposés générer des bénéfices économiques, sociaux voire même environnementaux. Toutefois, ils impliquent aussi des risques et surtout des coûts de transaction (Lijia et Xuexi, 2004 ; Prowse, 2013, Ferguson, 2004). Les coûts de transaction recouvrent l'ensemble des coûts auxquels un agent économique doit faire face lors d'une transaction avec un autre agent (Yekouni, 2007). Ils comportent deux types (Verhaegen et Van Huylenbroeck, 2001). Le premier type porte sur les coûts de transaction ex ante qui précèdent la signature d'un contrat. Ces dernies englobent les coûts associés à la recherche d'un partenaire, la collecte d'information, la négociation d'un contrat, et les garanties requises par les partenaires. Le second type concerne les coûts ex post, liés davantage aux coûts de contrôle du déroulement du contrat, aux pertes dues à un contrat mal adapté à la situation réelle, ou aux coûts de sa renégociation éventuelle. Les coûts de transaction présentent des implications importantes et conditionnent la réussite des modes de coordination (Marcos-Matás, 2013 ; Ghertman, 2003 ; Buvik et Andersen, 2002). L’analyse des principes qui régissent les modes de gouvernance et de coordination des acteurs de la filière de l’olivier revêt une importance capitale. Elle peut être appréhendée à travers l’évaluation des forces et faiblesses ainsi que les coûts de transaction des différents modes de coordination verticale adoptés par les acteurs de cette filière. Listes des références bibliographiques : AFIDOL. 2010. Référentiel des coûts de revient de la filière huile d’olive de France. Ait Hmida A., (2016), « Stratégie de valorisation de l’huile d’olive par l’origine et la qualité, cas de l’huile AOP Tyout-Chiadma », Options méditerranéennes Serie A : Séminaires Méditerranéens. L’Oléiculture au Maroc de la préhistoire à nos jours : pratiques, diversité, adaptation, usages, commerce et politiques. 2016 - Numéro 118. Benali R., (2017). "Plans de développement de l’Interprolive". Organisations sectorielles et le développement du secteur oléicole – l’expérience de l’Italie et du Portugal. Atelier du 7 février 2017, Qualipole Meknès. Buvik, A., Andersen, O., 2002. The Impact of Vertical Coordination on Ex Post Transaction Cost in Domestic and International Buyer-Seller Relationships. Journal of International Marketing, 10(1) : 1-24. COI., (2010). Etude de la chaine de valeur et formation des prix de l’huile d’olive en Espagne. Etude réalisée par l’Agence Espagnole de l’Huile d’Olive. El Mouhtadi I., Agouzzal M., François Guy F., (2014), « L’olivier au Maroc ». OCL journal 2014, 21(2) D203. OIL CROPS AND SUPPLY CHAIN IN AFRICA Lafiliere oleagineuse en Afrique FAO. (2015). Developing sustainable food value chains – Guiding principles. Rome Faysse N., El Amrani M., Errahj M., Addou H., Slaoui Z., Thomas L., Mkadmi S. (2014). Des hommes et des arbres : relation entre acteurs dans les projets du Pilier II du Plan Maroc Vert. Alternatives Rurales (1) : 10 p Ferguson, S.M., 2004. The economics of vertical coordination in the organic wheat supply chain. Master thesis, Department of Agricultural Economics University of Saskatchewan, Canada. Gharbaoui C. (2019). « Huile d’olive biologique, production et prospection de marchés » Rapport de synthèse, Institut de l’olivier. Tunisie. Ghertman, M., 2003. Oliver Williamson et la théorie des coûts de transaction. Revue française de gestion, 142 :43-63. Guessous H., (2009), « Les contraintes au développement de l’industrie de conserves d’olives », FICOPAM, Rapport d’activité 2019. Lazzeri Y., (2009). « Les défis de la mondialisation pour l’oléiculture méditerranéenne ». L’olivier en Méditerranée, conférence Centre Culturel Français de Tlemcen – Algérie (nov. 2009). Lijia, Xuexi, H., 2014. Transaction costs comparison between cooperatives and conventional apple producers: A case study of Northwestern China. Annals of Public and Cooperative Economics, 85 (2): 233-255. MAPMDREF. (2019). « Bilan de la campagne oléicole 2018/19 ». DDFP, Rabat-Maroc. Marcos-Matás, G., HernándezEspallardo, M., Arcas-Lario, N., 2013. Transaction costs in agricultural marketing cooperatives: effects on market performance. Outlook on Agriculture, 42 (2): 117–124. Ministère de l’Economie et des Finances, (2013). Valorisation des avantages comparatifs à l’export du secteur agroalimentaire marocain. Etude réalisée par la direction des études et des prévisions financières. Rabat Prowse, M., 2013. L’agriculture contractuelle dans les pays en développement : Une revue de littérature. A savoir 12, Agence Française de Développement. Rouas A., Rahmani M., El Antari A., Baamal E (2015) « Amélioration de la production oléicole au Maroc: contraintes des groupements de production » New Medit n°3, 2015. IAM BARI. CIHEAM. Royer, A., Gouin, D.M., 2015. Coordination verticale dans les secteurs québécois des porcs et des légumes de transformation : statuts, motivations et enjeux. Rapport de projet. Montréal, février 2015. Royer, A., Vézina, F., 2012. Intégration verticale et contractualisation en agriculture : État de la situation au Québec. Rapport final. Chaire de leadership en enseignement de la mise en marché collective des produits agricoles, Université Laval. Verhaegen I., Van Huylenbroeck, G., 2001, Analyse de l'organisation de filières courtes sur la base de la théorie des coûts de transaction. In Mormont M., Van Huylenbroeck G., A la recherche de la qualité, Les Editions de l'Université de Liège, pp. 113-133. Yekouni, M., 2001. Coût de transaction et choix des éleveurs laitiers dans l’appellation d’origine contrôlée cantal. Région et Développement, 26 : 185-2005. 5.2.3 Justification du projet (intérêt et originalité) L’oléiculture biologique représente une partie insignifiante de la superficie totale de l’olivier. En effet, les vergers de l’olivier biologique constituent quelques centaines d’hectares au niveau national. Il existe une insuffisance énorme de données sur la production d’olives et d’huile d’olive biologiques, sur les rendements et les pratiques agricoles. Cette insuffisance de données touche aussi les coûts de production et la commercialisation des produits. Le renforcement de la production et de la commercialisation des olives et de l’huile d’olive biologiques n’est pas un objectif de l’agriculteur et de l’industriel uniquement mais de tout l’écosystème de production, y compris l’administration publique qui doit s’y intéresser et agir en conséquence. Ces produits ne peuvent être valorisés que par une campagne de sensibilisation et d’information à large échelle en ciblant les marchés à fortes potentialités. Le développement de la filière de l’huile d’olive biologique peut très bien être la solution à beaucoup de problèmes dont souffre la filière oléicole et notamment le volet de commercialisation de l’huile d’olive. En effet des témoignages convainquant de certains opérateurs appuient l’idée de développer cette forme d’oléiculture qui pourra certainement avoir une réussite garantie. D’une façon générale, le consommateur marocain commence en effet, à être méfiant des effets néfastes des fertilisants minéraux et des produits chimiques de traitement contre les maladies et ravageurs des produits agricoles. L’étude des aspects socioéconomiques de cette filière pourra révéler les causes de ce grand retard dans la pratique de cette forme d’oléiculture par les agriculteurs et les possibilités de son développement. Elle pourra identifier les agriculteurs et oléifacteurs qui peuvent être intéressés par cette filière et préciser le temps nécessaire de leur reconversion. La filière olive de table affiche depuis plus d’une décennie une stagnation, voire un recul des volumes exportés. Depuis le lancement du Plan Maroc Vert en 2009, des projets relatifs à cette filière ont été mis en œuvre et ont permis des extensions des surfaces de plantation. Certains problèmes liés aux normes de qualité persistent encore et ils exigent de la part des agriculteurs et industriels un certain professionnalisme, aussi bien au niveau de la récolte, du stockage et du conditionnement. Mais la plus grande contrainte concerne le niveau de la commercialisation des produits, qui reste encore trop caractérisée par une grande intervention d’intermédiaires. Il serait alors très intéressant d’analyser chacune des chaines de valeur de ces deux filières, déterminer le rôle des différents acteurs, analyser l’organisation et la gouvernance de ces deux filières et surtout, analyser les coûts de production et la stratégie de commercialisation des produits. Concernant la coordination des acteurs des filières agricoles, des mesures réglementaires et incitatives ont été adoptées visant non seulement la création des organisations interprofessionnelles agricoles, mais également la promotion de modes de coordination verticale dont les plus patents portent sur les coopératives, les groupements d’intérêt économique (GIE) et l’agriculture contractuelle. Ces modes sont supposés générer des bénéfices économiques, sociaux voire même environnementaux. Toutefois, ils impliquent aussi des risques et surtout des coûts de transaction. C’est dans cette perspective que s’inscrit cette investigation qui consiste à circonscrire et à analyser les principes qui régissent les modes de gouvernance et de coordination des acteurs de la filière de l’olivier. Plus spécifiquement, elle vise à évaluer les forces et faiblesses ainsi que les coûts de transaction des différents modes de coordination verticale adoptés par les acteurs de cette filière. Les modes de coordination retenus sont les coopératives agricoles, les GIE et l’agriculture contractuelle. Les données empiriques seront recueillies à travers un travail de terrain centré sur des entretiens approfondis auprès des structures organisées (coopérative, GIE, agrégation), d’une part, et des enquêtes directs auprès d’un échantillon de producteurs agricoles adhérents et non adhérents à ces structures, d’autre part. Par ailleurs, l’identification, l’évaluation et l’analyse des coûts de transaction des modes de coordination verticale adoptés par les acteurs de la filière de l’olivier est alors d’une importance capitale. Ceci revient à identifier et caractériser les modes de coordination verticale de la filière de l’olivier sur la base de leurs forces et de leurs faiblesses, évaluer les coûts de transaction de ces modes de coordination, analyser les déterminants des coûts de transaction de ces modes et proposer des alternatives clés permettant de lever les principales contraintes identifiées et d'améliorer la gouvernance et la coordination de la filière olivier.
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