Résumé :
La nouvelle stratégie « Generation Green » (GG) se veut une étape supérieure d’après le plan Maroc vert qui prend plus en considération le facteur humain et la valorisation des ressources agricoles. L’axe 1 du mégaprojet « arboriculture-viticulture » trace des objectifs pour appuyer ces efforts en s’intéressant au matériel génétique qu’est la base de toute stratégie agricole. Dans cette vision de recherche 2020-2024, les activités de recherche se focalisent principalement sur sept espèces qui sont le figuier, grenadier, amandier, pommier, prunier, caroubier et la vigne. La conservation, l’évaluation des ressources génétiques, les études d’adaptations aux changements climatiques, l’amélioration génétique et la sélection sont les principaux volets proposés par les chercheurs.
Pour le figuier, les efforts vont se consacrer sur la caractérisation agronomique, moléculaire et physiologique des ressources génétiques (figuier et caprifiguier). Pour le grenadier, en plus de la caractérisation moléculaire, phénologique et physiologique du matériel génétique, les autres activités se focalisent sur les études d’adaptation aux changements climatiques et aux stress hydrique et thermique. Ainsi, l’élargissement de diversité va être testé à l’aide de la mutagenèse. Les activités proposées pour le pommier et le prunier sont axées sur la caractérisation moléculaire, phénologique, agronomique et physiologique des collections de l’INRA et aux aspects de l’adaptation aux changements climatiques. Un élargissement de profil variétal des prunes destinées au séchage est prévu à l’aide de la mutagenèse artificielle. Chez l’amandier et le caroubier, l’évaluation des génotypes présélectionnés et la caractérisation phénologique et morphologique de nouvelles ressources génétiques sont les volets principaux. Les activités de recherche sur la vigne de table s’axent essentiellement sur l’élargissement de la diversité via la mutagenèse artificielle, l’évaluation, caractérisation et sélection des mutants.
La synthèse des résultats des mégaprojets antérieurs en plus des activités de recherche inscrites pour la période 2021-2024 vont permettre de proposer plusieurs variétés à l’inscription au catalogue officiel. Sept variétés pour le figuier, 4 pour le grenadier, 2 associations chez le l’amandier et 4 génotypes du caroubier constituent l’ensemble des propositions
Mots clés : Arboriculture fruitière, viticulture, sélection, amélioration génétique, caractérisation, marqueurs moléculaire, morphologie, pomologie, conservation, collection, adaptation, changements climatiques, Stress abiotique,
Orientations stratégique
En s’appuyant sur les acquis du plan Maroc-vert et pour combler ces défaillances une nouvelle stratégie agricole dénommée « Génération Green » a été élaborée pour la décennie 2020-2030. Cette stratégie se veut très ambitieuse et fixe des objectifs de développement assez diversifiés qui touchent le monde rural et agricole. La nouvelle vision se base sur deux grands fondements, à savoir la valorisation de l’élément humain et social et la poursuite de la dynamique de développement du secteur. Parmi les axes tracés il est prévu de consolider des filières agricoles, en vue du doublement des exportations (50 à 60 milliards de DH) et du PIB-agricole (200 à 250 milliards de DH) à l’horizon 2030. Ainsi, Il s’agit également du renforcement de la résilience et la durabilité du développement agricole, ainsi que l’amélioration de la qualité et de la capacité d’innovation,
L’amélioration des revenus des agriculteurs et la qualité de la production, l’extension des superficies et la durabilité des systèmes agricoles passent en premier lieu par l’adoption d’un matériel génétique adapté, productive et de qualité. Les performances génétiques sont l’élément nécessaire pour augmenter la production alimentaire, améliorer sa qualité et l’adapter aux conditions environnementales et socio-économiques en constante évolution.
Au Maroc, l’arboriculture fruitière constitue un secteur stratégique qui a connu une expansion considérable à partir des années 80 et surtout grâce au plan-Maroc-vert avec une augmentation des productions suite à la rénovation des anciens vergers et l’extension des superficies arboricoles. Cette évolution a été aussi renforcé par la diversification des espèces et a l’introduction de nouvelles variétés et de nouvelles techniques de conduite. Actuellement, le secteur contribue à la satisfaction de la demande du marché local et au fonctionnement des unités agroindustrielles. Il contribue également à générer des emplois et constitue une source non négligeable de devise grâce à l’exportation de certains produits (pêches, nectarines, abricots, caroubes, figues, …). Le Plan Maroc Vert, a permis au secteur de l’arboriculture fruitière de se doter d’une stratégie de développement spécifique, épaulée par la signature de contrats programmes avec l’interprofession. Les filières ciblées en priorité sont le pommier, le poirier, le cognassier, le néflier, l’abricotier, le pêcher, le nectarinier, le prunier, le cerisier, le figuier, le grenadier, l’amandier, le caroubier et le noyer.
Ce secteur a connu ces dernières années une mutation ce qu’il lui a permis d’évoluer vers un secteur compétitif et résilient au changement climatique. Plusieurs objectifs ont été atteints comme l’augmentation des niveaux de production, à travers une gestion durable des systèmes de production, le renouvellement des plantations et une extension des superficies. Ainsi, des investissements dans les unités de valorisation, dotées des systèmes de qualité, sont établis dans des différentes régions de concentration des productions pour augmenter le taux de valorisation.
Atteindre les objectifs de de la nouvelle stratégie GG pour la filière « arboriculture fruitière » commence par une meilleure gestion des ressources génétiques arboricoles, assurer leurs durabilités et proposer un matériel génétique performant et qui génèrent de la valeur ajoutée pour l’agitateur. Le Maroc renferme une diversité génétique importante pour plusieurs espèces comme l’amandier, le caroubier, le grenadier et le figuier qui doit bien gérer et conserver. Ainsi pour ces espèces, et pour une grande partie des vergers, les problèmes des hétérogénéités variétales, de confusions des variétés et la non-disponibilité du matériels génétiques sélectionné et authentique persiste. D’autres aspects tels-que l’adaptation variétale aux changements climatiques reste des volets d’études qui vont fournir des stratégies du développement arboricole au Maroc en se basant sur des bons choix des espèces et des variétés. L’autre objectif du GG qui vise à conquérir plus de marchés internationaux, augmenté les exportations et développé les circuits de ventes nationales exige la mise à disposition des agriculteurs un matériel génétique de qualité et qui donne des meilleures opportunités de valorisation.
Dans ce cadre, les objectifs stratégiques de l’axe peuvent être synthétisé en 5 points :
• Meilleure conservation et gestion des ressources génétiques des arbres fruitiers pour empêcher l’érosion génétique et mettre à la disposition des programmes d’amélioration génétique un matériel de base bien diversifié et utile,
• Caractérisation, identification et étude des performances du matériel génétique en collection ou en culture pour optimiser sa conservation et son utilisation dans les programmes de sélection et d’amélioration génétique,
• Recours aux techniques d’élargissement de la diversité génétique et de création variétale (Croisement, mutagénèse, sélection, …) pour élargir la base génétique de l’espèce et/ou obtenir des variétés nouvelles avec des performances génétiques souhaitées,
• Etudes des potentialités d’adaptation des espèces et les variétés aux différents conditions environnementales du pays et ressortir leurs résiliences aux changements climatiques,
• Mise à la disposition des agriculteurs d’un matériel génétique performant, productif, adapté, tolérant aux contraintes biotiques et abiotiques et qui donne des opportunités de valorisation meilleures.
Etat de l’art :
Faire le point du contexte scientifique et des dernières connaissances en relation avec l’axe pour justifier l’idée du projet, les aspects originaux et novateurs, et énoncer les hypothèses.
(y compris les recherches antérieures de l’INRA)
Depuis ces premières années de création, l’arboriculture fruitière est une composante principale des programmes de recherche de l’INRA. Les aspects de conservation des ressources génétiques, de sélection et d’amélioration génétiques des espèces arboricoles sont parmi des axes prioritaires de toutes ces stratégies. Des acquis de recherche pour les principales espèces sont diverses et riches.
Figuier : Contrairement aux plusieurs espèces fruitières, le figuier est sélectionné localement à partir de populations indigènes avec des caractères adaptatifs et agronomiques retenus au cours de leur évolution. Cependant et en dépit des fortes potentialités liées à cette culture ce secteur demeure faiblement valorisé.
Parmi les facteurs qui entravent son développement, on cite la faible valorisation du potentiel génétique local. Les travaux de recherches sur le figuier ont touché plusieurs volets en commençant par la conservation des ressources génétiques, leurs caractérisation et en arrivant aux travaux de sélection génétique. Dans ce cadre, l’INRA a installé une collection de matériel génétique marocain enrichie par plusieurs variétés étrangères (plus de 220 cultivars). Ces collections constituent la base des recherches entreprises par les chercheurs dans un souci de sélectionner un matériel génétique performant et adapter aux différents procédés de valorisation (Frais, séchage, transformation, …). Les études de diversité du matériel génétique (en collection ou in situ) à l’aide des marqueurs morphologiques, biochimique et moléculaires montrent que le Maroc renferme une grande diversité génétique du figuier avec des spécificités géographiques (Hssaini et al., 2020, 2019 ; Oukabli et al., 2003 ; Ater et al., 2008 ; Achtak et al., 2009). Bien que le nombre de variétés soit considérable, leur inventaire et leur identification sont confrontés aux problèmes de confusion taxonomique. Ainsi, des variétés différentes peuvent porter une même appellation (homonymie) tandis qu’une même variété peut être désignée par des dénominations différentes d’une région à l’autre (synonymie) (Charafi et al., 2020 ; Oukabli, 2003). Les premiers travaux de présélection ont permis de mettre à la disposition des agriculteurs de 5 variétés (Nabout, El Quoti, Sarilope, Kadoda, Col de Dam Blanche) ayants des bonnes aptitudes aux séchage.
Pommier : Au Maroc, le pommier occupe une superficie d’environ 50 milles hectares, ce qui représente plus de 20% de la superficie des rosacées fruitières en dehors de l’amandier (FAOSTAT ; 2018). Quant aux plus importantes zones de production, elles sont localisées dans les régions de hautes et moyennes altitudes du Haut et du Moyen Atlas. Le pommier est une culture qui a de grands besoins en froid. C’est la raison pour laquelle on la trouve concentrée en haute montagne de l’Atlas moyen et du haut Atlas. Les variétés moins exigeantes en froid qui sont plantées dans les autres régions des plateaux donnent en général des pommes de qualité moindre. Le matériel végétal utilisé par les pomiculteurs marocains est constitué exclusivement de variétés étrangères et la gamme n’a cessé d’évoluer en gardant toujours comme variété de base Golden Delicious et sa pollinisatrice Starking Delicious. Dans l’objectif de conserver les ressources génétiques du pommier en culture et de créer une plateforme pour les chercheurs, une collection d’une cinquantaine de variétés à été installé au domaine expérimental d’Annouceur. Des caractérisations pomologiques et biochimiques ont été effectuées pour ce matériel génétique ce qui a élucidé une grande diversité génétique. Les efforts de développement de ce secteur doivent être orientés vers une amélioration des performances des plantations existantes à travers le bon choix du profil variétal. Ainsi, vers la sélection et la recherche d’un matériel génétique plus tolérant aux changements climatiques et surtout avec des faibles besoins en froid.
Grenadier : Au Maroc la production en grenades est évaluée à 113 479 tonnes pour une superficie de 12 644 ha, soit un rendement moyen de 9 T/ha. La région Béni mellal Khénifra est considérée comme la région ayant la plus grande production avec 48 649 tonnes, soit 42 % de la production nationale, avec une superficie de l’ordre de 2423 ha (MAPMDREF, 2018). Cependant, la culture repose sur une gamme variétale réduite bien que le germoplasme local comprend plusieurs variétés. Le grenadier est cultivé dans toutes les régions avec une certaine concentration dans la plaine du Tadla et du Haouz. Cette culture est entrain de conquérir d’autres zones et concerne en particulier les variétés destinées à la consommation en frais et à la transformation (grenadine). Ce développement exige un suivi en thème de choix variétal et d’essai de comportement dans différentes zones. Le domaine expérimental de l’INRA à Ain Taoujdate (DAT) renferme une collection de grenadier de 33 variées qui a été chartérisée à l’aide des marqueurs pomologiques et biochimiques. Les travaux ont montré une grande diversité génétique et qualitative ce qui donne des bonnes opportunités de sélection génétique.
Amandier : La production des amandes, estimée en 2018 à 117270 T (FAOSTAT ; 2018) soit 29 000 T d’amandons n’arrive pas à satisfaire les besoins de la consommation locale, et ce, en dépit de l’importante superficie qu’occupe l’amandier (186 255ha). Ces statistiques révèlent une faiblesse apparente de la productivité du secteur (0.6T/ha) du fait qu’une bonne proportion (plus de 50%) des superficies appartient au secteur traditionnel (Alhoceima, Taza, Béni Mellal, Azilal, Amezmiz, Imintanout ; Tafraouet) où le déficit hydrique s’est accentué depuis des décennies ; ce qui affecte non seulement le niveau de productivité mais également la survie même des plantations mettant en péril l’une des diversités génétiques les plus représentatives à l’échelle méditerranéen (Germoplasme méditerranéen d'amandier, FAO). Depuis les années 60 du siècle dernier, les programmes de la recherche agronomique marocaine se sont toujours intéressés à l’amélioration de cette espèce typiquement méditerranéenne. Ainsi, des variétés sélectionnées dans plusieurs pays, ont été introduites dans les domaines expérimentaux, celui d’Ain Taoujdate en l’occurrence. Parallèlement à cela, des prospections ont été opérées au fil des années en plus des hybridations contrôlées pour créer de nouveaux génotypes. Les génotypes, issus des trois voies (introduction, prospection et création), sont soumis à des études de comportement, selon des descripteurs morphologiques, physiologiques et pomologiques. Ces évaluations ont permis de sélectionner des variétés qui ont permis l’extension de la culture d’amandier dans les régions favorables à sa culture. Des vergers intensifs se sont donc développés dans les régions de Saïs, Meknès, Tadla et le Haouz. Les changements climatiques se sont traduits d’abord par une disconcordance des floraisons des deux variétés Marcona et Fournat de B. (association appréciée pour leur productivité et la qualité de leurs fruits) et le rétrécissement des disponibilités en froid pour les variétés à floraison tardive. Dans les deux cas, la productivité des plantations pourrait être affectée. Le programme de l’amélioration génétique de l’amandier doit être continué pour réhabiliter l’association variétale Marcona – Fournat et s’assurer des meilleures associations variétales pour les variétés autofertiles et à floraison tardive. Les efforts de réhabiliter cette association par la sélection d’un pollinisateur de ‘Marcona’, un groupe de cinq cultivars potentiels a été présélectionné (Bentayeb, 2018). L’association d’amandier classique ‘Ferraduel’ et ‘Féragnès’ largement cultivée, a été enrichie par d’autres variétés à floraison tardive et autofertiles, notamment ‘Tuono’, ‘Lauranne’ et ‘Mandoline’ (Outghouliast, 2017). Un total de21 hybrides (pré-sélections) ‘Marcona’ x ‘Tuono’ x ‘Ferragnès’ ont été évalués en conditions pluviales vis-à-vis de l’auto-fertilité, l’époque de floraison et les traits qualitatifs du fruit. Ainsi deux génotypes ont été sélectionnés et proposés à l’inscription au catalogue national des variétés (L1A16 et L8A10). Toutefois, ces deux hybrides nécessitent un suivi et une évaluation de leur performance agronomique (productivité et floraison), en plus des 17 autres présélections issues de semis.
Caroubier : Le Maroc dispose d’un potentiel lui permettant de devenir le premier producteur mondial de caroubes. Ceci pour deux raisons principales : (1) le grand potentiel génétique dont il dispose au niveau du rendement en grain des populations locales qui peut atteindre dans certaines régions plus de 25% contre un rendement de moins de 14% dans les autres pays producteurs comme l’Espagne et l’Italie et (2) l’extension de la culture à travers l’installation de vergers modernes, basée sur des génotypes sélectionnés au lieu des populations naturelles des zones forestières et pré-forestières dont les arbres sont issues de semis. En plus de son pouvoir d’adaptation à une large gamme écologique, son un système racinaire puissant lui permet de s’adapter aux différents sols et par conséquent valoriser les terrains accidentés (menacés par l’érosion) ; les sols squelettiques, rocailleux, superficiels (menacés par la désertification), salins (3% de NaCl) et calcaires (Ouchkif, 1988). Il est également connu par sa tolérance à la sécheresse mieux même que les arbres forestiers (Zouhair, 1996). La production optimale du caroubier est obtenue sous des climats où la hauteur pluviométrique est de l’ordre de 500mm et peut produire plus ou moins normalement à 350mm. En deçà de cette hauteur pluviométrique, les gousses du caroubier pourraient ne pas atteindre leur maturité (Battle et tous, 1997). Sa production joue un rôle socioéconomique important en assurant un revenu conséquent à la population rurale du fait que les prix oscillent entre 3 et 9 dh dépendant du marché international et du potentiel de rendement en grain. Des prospections ont été effectuées dans les zones de production situées entre Béni Mellal et Khénifra ; la région de Moulay DrisZarhoun et la région de Chefchaouen et Ouezzane. Les génotypes présélectionnés son décrits in situ et une collection est entrain de s’établir au niveau du domaine d’Ain Taoujdate. D’autres zones de production restent à prospecter dont certaines sont connues par un rendement en grain important ; il s’agit de Demnet ; Taza;Sefrou - Imouzzer et Alhoceima. Le travail consistera à présélectionner des génotypes performants dans les zones de production et de les multiplier pour les introduire dans la collection d’une part et d’autre part. En termes de diversité génétique ; des études moyennant des marqueurs moléculaires (RAPD) et morphologiques, ont permis de révéler une importante variabilité génétique (Konaté et al., 2007 ; Sbay et al.,2008). Par ailleurs, le développement des marqueurs de types microsatellites (SSR ; Caruso et al., 2008) chez le caroubier a apporté un regain considérable pour l’étude de la diversité vu les avantages qu’ils présentent par rapport au RAPD et AFLP ; co-dominant, multi-allélique et reproductible.
Prunier : La culture du grenadier s'étend, au Maroc, sur une superficie de 15 451 ha qui donne une production estimée à 205 528 T, soit un rendement moyen de 13,30 T/ha (FAOSTAT, 20. Cependant elle repose sur une gamme variétale réduite cultivée. La collection de prunier du DEAT comporte seulement 37 variétés étrangères et donc s’avère beaucoup plus limité que les collections des autres espèces. Pour développer un programme d’amélioration génétique qui répond aux besoins de la profession en matière de variétés performantes il est nécessaire que la collection renferme toutes les variétés en culture actuellement au Maroc.
Vigne : La viticulture en Europe et en particulier dans le bassin méditerranéen est une ancienne activité agricole, datant de l'antiquité, et intimement associée à l'histoire et à la régions de culture de la vigne (This et al., 2006). Différents terrains géographiques composés de montagnes, de plaines et des côtes dans différentes zones autour de la mer Méditerranée, ainsi que des microclimats, ont favorisé une riche biodiversité de matériel génétique de la vigne au fil du temps. Au Maroc, le vignoble représente une composante fruitière importante qui le relie à l’histoire et à la culture du Méditerranée (Vidal, 1951; El Faïz, 2000). Les principales zones viticoles sont réparties sur plus de 20 zones différentes, contribuant de manière significative au développement rural, réduisant les migrations et amélioration du niveau de vie. Le vignoble marocain occupe environ 50000 ha dont 50% la région de Meknès et destinée à la production de vin à partir de variétés d'origine européenne (Sbaghi, 1997; Sbaghi et al, 2008). Le Maroc est le troisième producteur de vin en Afrique et le deuxième exportateur, possédant au total 14 appellations d'origine (AOG). La Production des raisins apyrénes sont destinés essentiellement à l'exportation vers les marchés de l'Union européenne. Beaucoup de variétés locales sont présentes dans les vignobles situés dans les agroécosystèmes traditionnels des montagnes, dans les oasis et dans les régions de Haouz et Doukala, où le l'inventaire et la reconnaissance des variétés traditionnelles ne sont que partiels (El Oualkadi et al., 2011). Les vignes traditionnelles sont exploitées pour produire des produits de terroirs (raisins secs, sirops) notamment dans le région de Tanger-Tétouan (Hmimsa et Ater, 2008; Hmimsa et Ater, 2013). Une étude à montrer que les cépages locaux au Maroc peuvent contenir des gènes de résistance aux maladies et aux ravageurs (EL Oualkadi et al., 2009; 2011) qui pourrait être utilisé en amélioration génétique.
L’amélioration de la vigne correspond à la sélection de variétés (c’est -à-dire de phénotypes ayant vocation à être cultivés) en fonction des besoins de la filière viti-vinicole. Les objectifs de sélection peuvent être très variables en fonction de la finalité : porte-greffe, raisin de table, raisin de la cuve… par ailleurs, à l’intérieur de chaque type de spéculation viticole, il existe une grande diversité de situations viticoles (fertilité agronomique des sols, types de mésoclimats, possibilité d’irrigation…) et d’objectifs de production (viticulture industrielles, vignobles d’appellation à forte typicité, viticulture coopérative…).
Le principe de l’amélioration variétale est de sélectionner au sein d’une diversité d’individus, des phénotypes élites qui seront multipliés et diffusés auprès des utilisateurs. Le préalable à tout programme d’amélioration est donc de disposer d’une variabilité phénotypique. Deux options sont possibles en fonction de la disponibilité d’une variabilité phénotypique au moment du démarrage du programme de sélection (This et al. 2011). Si on estime pouvoir trouver des individus présentant les propriétés attendues au sein du groupe taxonomique travaillé, on s’oriente vers la sélection végétative. Si on peut obtenir de progrès sur le caractère travaillé au sein de la variabilité disponible, alors il faut créer de la variabilité génotypique et phénotypique. Il existe trois voies principales pour assurer la production de matériel végétal pour la sélection variétale : la génétique classique, la sélection génomique et les biotechnologies. Trois types de biotechnologies peuvent aider le généticien à créer une variabilité génétique utile pour la sélection de la vigne : la mutagénèse induite, la variation somaclonale et le génie génétique.
La mutagenèse induite constitue une approche prometteuse de production de nouveau germoplasme, c’est une technique d’amélioration génétique qui peut donner naissance, ou contribuer, au développement des variétés plus tolérantes aux stress biotiques et abiotiques. Plusieurs études ont démontré l’utilisation des mutations somatiques pour obtenir des mutants souhaités (Das et al. 2000, Saleem et al. 2005). A l’échelle internationale, on trouve plus de 3000 variétés mutantes obtenues conjointement par la FAO et l’AIEA soit par des traitements physiques (rayon gamma, x, laser, etc .) ou par des traitements chimiques (colchicine, bromodeoxyuridine, arsenic-q, etc.) ou par combinaison des deux. La mutagenèse est appliquée à des organes (graines, bourgeons, embryons somatiques) capables de régénérer des plantes qui pourront manifester des changements phénotypiques. La fréquence et l’importance des mutations étant proportionnelle à la dose d’agent mutagène, il est nécessaire de trouver un équilibre pour optimiser la variabilité génétique en dessous du seuil létal. Aucune variété marocaine ne figure sur cette base de données, malgré que le Maroc dispose de cette technologie depuis les années 90. cette approche a été expérimenté chez la vigne (Torregrosa et al. 2011) sur pépins dans les années cinquante ou plus récemment sur bourgeons (Pratt, 1959 ; Botta et al. 1987). Un des travaux les plus récents concerne l’exposition de microboutures propagées in vitro de porte-greffe de vigne (Fercal, Gravesac) à des rayons gamme dans l’objectif d’obtenir des variations de vigueur végétative (Da Silva et al. 2000). En outre, l’obtention d’un génotype mutant est plus rapide et moins coûtant. Dans cette optique le CRRA de Tanger dispose d’un irradiateur à Cobalt 60, permettant, entre autre, l’induction des mutations. Pour renforcer les efforts initiés dans son dernier PRMT, le CRRA de Tanger développera des recherches pour l’amélioration de la production de la vigne à travers l’induction de mutation chez cette culture afin de trouver des mutants ayant une meilleure production et résistance aux maladies.
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Justification du projet (intérêt et originalité)
Pour accompagner les objectifs stratégiques de la nouvelle stratégie « GG » 2017-2020, l’axe 1 « Amélioration et conservation des ressources génétiques » offre des activités de recherche qui se focalisent sur la gestion, conservation caractérisation et évaluation des ressources génétiques, la sélection ou l’amélioration génétique et des études d’adaptation aux changements climatiques. Les espèces prioritaires retenus sont l’amandier, le figuier, le grenadier, le pommier, le prunier, le caroubier et la vigne de table.
Malgré les travaux de recherche récemment réalisés, plusieurs contraintes entravent le développement de la filière du figuier au Maroc. La première, malgré la grande diversité du figuier au Maroc, et l’ancienneté de la culture, les agriculteurs utilisent le matériel végétal sélectionné selon leur savoir-faire et selon les génotypes présents dans leur entourage. Ce constat est lié en grande partie à l’absence de variétés authentiques destinées aux différents modes de valorisation de l’espèce (Frais, Séchage et transformation). La seconde est relative aux aspects de caprification, l’absence des études sur les modalités de pollinisation au Maroc et sur les performances génétiques des caprifiguiers et sur les effets sur la qualité et le rendement. Une troisième contrainte est liée au manque de données sur les performances de tolérance variétale au stress hydrique.
Le développement de la filière «pomme» passe par l’adoption d’un matériel génétique dont les performances permettent de surmonter les problèmes liés aux changements climatiques, en l’occurrence les faiblesses en termes des disponibilités en froid et des ressources hydriques. Le développement de la culture au Maroc est confronté à la non disponibilité des études sur le comportement variétale vis-à-vis des changements climatiques (stress thermique et hydrique) et sur les performances génétiques des variétés et des portes greffes. Le profil variétal en culture est non identifié ainsi que sa diversité génétique est rarement étudiée.
Chez l’amandier, l’association variétale Marcona-Fournat à floraison moyenne (début Février) était la plus utilisée en raison de la productivité de la variété de fond Marcona et de la qualité des amandes des deux variétés. Ce type d’association a commencé à connaitre de sérieux problèmes de fructification dus à la disconcordance de la floraison des deux variétés. Il est donc primordial de réhabiliter cette association par la sélection d’un pollinisateur de Marcona. Pour les variétés autofertiles et à floraison tardive, il convient de suivre leur comportement pour dégager les meilleurs associations variétales qui sont peu affectées par les changements climatiques et assurent par conséquent des taux de fructification satisfaisants. D’autre part, un programme de croisement de Marcona a été entrepris avec des géniteurs à floraisons concordantes et a conduit à la présélection de 5 cultivars de saison, notamment, ‘Ramellette N°6’, ‘Tardy Non Pareil’, ‘MarcxArd/7’, ‘Hana douma’ et ‘Doma10’. Toutefois, pour ce nouveau groupe, il est important d’évaluer la floraison, productivité et la qualité des amandes, pour confirmer la nouvelle association à proposer pour ‘Marcona’. Dans les années à venir, toute la collection d’amandier fera objet d’observation pour évaluer d’autres variétés qui porterons l’intérêt de cette sélection. D’autres introductions de variétés sélectionnées dans l’oriental ont eu lieu, dans les amenderais traditionnelles qui survivent malgré la pluviométrie faible caractérisant la zone prospectée (100 mm par an). Mais la majorité des plantations sont basées sur des plants issus de semis. Le suivi du comportement de cette population prospectée de semis permettra d’identifier des génotypes locaux performants (résistants à la sécheresse). Il s’avère prioritaire aussi de mettre en évaluation l’effet du porte-greffe sur la tolérance à la sécheresse.
Récemment, dans la plaine de Sais, les investissements en intensification de l’amandier a eu lieu, il s’agit des nouvelles plantations intensives à forte densité (2000 pieds par hectare), à base du matériel génétique introduit (porte-greffes et variétés), qui permet une faible vigueur aux amandiers. L’introduction de ces associations variétales demeure importante afin d’étudier son comportement agronomique.
La filière du grenadier » a commencé à se développer dans de nouvelles régions telles que celle de Fes-Mekèns. Cependant, ces extensions doivent être accompagnées par des études de comportement variétal et la sélection de variétés adaptées à ces régions. Les récentes effets des changements climatiques, donne au grenadier des opportunités de développement grâce à son large spectre d’adaptation et ces faible besoin en froid. En aval de cette problématique, la conservation et la caractérisation des ressources génétiques vis-à-vis de l’érosion génétique est d’une grande importance pour tout programme de sélection et préservation contre l’érosion génétique.
Les principaux problèmes du caroubier résident dans le matériel génétique qu’est en grande partie issue de plants de semis. Etant donnée la nature dioïque de l’espèce, ces plantations sont confrontées à deux contraintes : une proportion élevée des mâles (plus de 60%) d’une part et l’hétérogénéité des arbres femelles d’autre part. Pour que cette filière se développe normalement et joue un rôle socio-économique, il est nécessaire de sélectionner des génotypes femelles productifs. Il est également important de sélectionner des génotypes mâles dont les floraisons couvrent entièrement celles des femelles (floraison étalée) pour exploiter tout le potentiel de production du génotype. Ainsi, les autres principaux caractères de sélection sont : la réduction de la période végétative, l’adaptation et l’augmentation du rendement. Toutefois les autres critères tels que la vigueur, la taille des gousses, la qualité de la gomme et la pulpe restent aussi importants. Les critères de sélection les plus importants sont : le rendement en fruit et surtout le pourcentage de graines par rapport au fruit, la quantité et la qualité de la gomme, l’alternance de fructification, la résistance aux maladies et le pouvoir d’abscission des fruits mûrs pour faciliter la récolte. En outre, l’étude de diversité génétique des populations marocaines du caroubier permettrait d’aider à la sélection et de la situer par rapport à la diversité mondiale.
Pour la filière du prunier, comme les autres rosacées, sa culture est très influencée par les changements climatiques surtout le manque d’eau et le réchauffement du climat. Les performances liées à l’adaptation du profil génétique en culture aux stress abiotiques sont rarement étudiées. D’autre part, il faut élargir le profil variétal par un programme d’amélioration génétique ou par introduction de l’étranger un matériel génétique qui peut répondre aux exigences des producteurs et étendre la période de la production. Ainsi, la diversification de variétés à pruneaux est un aspect important pour surmonter le problème de la culture monovariétale basée sur la variété ‘Stanley’. Cette variété commence à connaitre des perturbations de fructification au niveau de la plaine de Sais. Un programme de création variétale de nouvelles variétés aptes au séchage est prévu. En effet il s’agit de croisement ou d’irradiation des boutures de ‘Stanley’ afin d’induire des mutagenèses probables et obtenir une ou plusieurs variétés mutiques aptes au séchage.
Pour la vigne du table, le profil se caractérise par la présence d’un nombre assez important de cépages différents qui sont cultivés sur des surfaces plus ou moins importantes au niveau des principales zones viticoles du pays. Le spectre variétal du vignoble de table national est composé dans sa majorité par des cépages locaux très anciens, dominés par le Doukkali et Abbou et le reste est occupé par des cépages étrangers représentés fortement par Valency et les Muscats (Sbaghi, 1997). Pour la région du Gharb, il y a de nombreuses variétés telle que : King’s Ruby, Alphonse Lavallée, Dattier de Beyrouth, Perlette, Sultanine, Cardinal, Muscat avec une prédominance de la variété Muscat Italia (Sbaghi et al., 2008). De même, nous assistons dans les régions de Meknès, Khemisset, Gharb, Skhirat, Benslimane, Kalat Sraghna, Marrakech à des plantations de vignes à raisins apyrènes et très précoces destinés à l’exportation vers les marchés de l’union européenne.
La région du Rif marocain est une région montagneuse avec une agriculture traditionnelle à caractère fortement vivrier. Il s’agit d’une région où une tradition ancienne de la culture de la vigne a toujours existé. La richesse en variétés locales de vignes est cependant encore importante malgré le recul de l’importance du vignoble. En effet, les résultats préliminaires et l’inventaire effectuée dans cette région (Sbaghi et al., 2008 ; El oualkadi et al, 2009 ; 2010 ; 2011) ont montré l’existence de variétés locales à caractère non clonal. Ce patrimoine est totalement méconnu et n’a jamais fait l’objet d’études permettant de le répertorier et de l’utiliser dans d’éventuels programmes de sélection.
Pour l’élargissement du profil variétal, il existe trois types de biotechnologies peuvent aider le généticien à créer une variabilité génétique utile pour la sélection de la vigne : la mutagénèse induite, la variation somaclonale et le génie génétique. Dans le cadre des programmes actuels pour le développement des provinces du Nord du Maroc et la recherche de cultures alternatives au cannabis, et pour faire face au effets de l’érosion des sols dans cette région, le développement de la culture de la vigne est une option sérieuse vu le contexte socio-économique et l’histoire de cette culture. Dans cette optique, et pour renforcer les efforts initiés dans son dernier PRMT, le CRRA de Tanger vise des recherches d’induction de mutation chez certaines variétés de raisin de table dans l’objectif de créer des mutants ayant une bonne performance qualitative et quantitative et un niveau de résistance aux maladies qui minimise le recours à une utilisation intensive des produits chimiques.